Sur le sentier – auteur

Intentions d’auteur

Une histoire impressionniste
Le point de départ de cette histoire est né d’une relation d’amour que j’entretiens avec un petit coin de Bretagne, un sentier fabuleux qui serpente le long de la côte d’émeraude.
Quand je suis sur ce chemin, je deviens un autre moi-même, je fais corps avec le paysage qui m’entoure et mes pensées vagabondent et s’égarent. Je deviens le sentier, je redeviens l’enfant que j’étais.
Alors, comment rendre cet état intérieur ?
Dans cette nécessité qui m’habite de raconter ces impressions ressenties et la passion pour ce paysage maritime est né tout naturellement une histoire très impressionniste.

Une influence littéraire
C’est à partir d’une relation amoureuse de deux adolescents de 15 ans que se déroule ce récit. Une influence littéraire est également à l’origine, “Le blé en herbe” de Colette qui était elle aussi amoureuse de cet endroit. Elle y possédait d’ailleurs une maison dans laquelle elle a justement écrit ce roman.

Raconter l’adolescence et ses émois.
Mais ce qui m’intéresse le plus, c’est l’émergence à 15 ans de l’état amoureux, de la fragilité des sentiments face à l’avenir, au devenir du futur adulte. Cette période de la vie où la légèreté côtoie la gravité.
Dans mon histoire, un homme de soixante ans, Paul, se remémore le plus bel été de sa vie qu’il a passé aux côtés de son amie, Marie. Voilà bien longtemps qu’il n’était revenu sur son sentier breton, du temps où avec Marie ils s’étaient liés d’une amitié de plus en plus forte.
Tous les deux avaient l’habitude de se voir à chacune des vacances de leur enfance, mais l’été 1973 fut particulier et fondateur. Paul et Marie ont eu 15 ans cette année-là et pour la première fois, la liberté que ce nouvel âge leur permettait les avait conduits à se voir du matin au soir, les adultes étant relégués à des figures lointaines, des fantômes. Seul comptait pour eux leur univers commun élaboré ensemble chaque jour un peu plus. Pris dans leurs jeux multiples, Paul et Marie s’étaient alors inventé une bulle d’imaginaire.
Mais le périple le plus important pour eux s’était déroulé dans une autre dimension, celle de leur passage à l’âge adulte, de la découverte de leur genre, de leur sexualité, de l’amour, de l’absolu…
Cette année-là, ils se sont rapprochés et ont fait le serment de ne jamais se quitter.
Mais cette année-là également, peu de temps après cette parenthèse enchantée, Paul a appris la terrible nouvelle : Marie n’était plus de ce monde, Marie était morte.
Le tsunami qui avait alors anéanti Paul adolescent est toujours vivace aujourd’hui comme si ce qui a été vécu entre temps a été complètement effacé, une ellipse temporelle raccordant deux époques de la vie de Paul espacées de plusieurs dizaines d’années.

Une alternance entre deux époques.
Aujourd’hui, Paul est revenu sur le sentier de son enfance, le sentier de cet été 1973 et il y a aperçu une femme se promener seule qui lui fait penser immédiatement à Marie.
Alternent alors deux époques. Celles des souvenirs, des visions de cet été 73 et le périple actuel pour approcher cette femme et en savoir plus sur elle. Les deux époques s’entremêlent jusqu’à n’en faire plus qu’une. Cette confusion est accentuée par la mer toujours omniprésente par son flux et reflux perpétuels.

Une fragmentation temporelle.

La construction de ce film est basée sur une fragmentation du temps. Le principe est de générer une sorte de vertige correspondant à l’état intérieur du personnage principal, Paul.
À la manière du divisionnisme selon le néo-impressionniste Paul Signac qui prônait l’effet de contraste à travers les couleurs primaires, celle qui appartient à l’objet et celle qui l’éclaire, ce film est aussi une recherche dans ce sens. Chaque touche de couleur met en relief la touche voisine. Effet de contraste, de rupture de ton et de bousculement narratif.
Il y a bien sûr le temps présent, celui de la narration, celui du parcours de Paul dans sa quête et la rencontre avec la femme qu’il croise. Mais il y a également ses visions qui appartiennent à ce même temps présent, notamment sa propre présence fantomatique en tant qu’adolescent.
Puis il y a, les flash-back qui se déroulent pendant l’été 1973 et également les visions des deux adolescents pendant cette période.
Ce sont alors deux époques éloignées de près d’un demi-siècle qui s’entrechoquent.

Entre onirisme et réalité.
Pour raconter l’état intérieur de Paul, le découpage alterne entre moments oniriques et moments très réels, même dans les flash-back. Des scènes quotidiennes qui côtoient des visions à la limite de l’abstraction. La notion de temps est donc bousculée alors que la quête de Paul est très linéaire, celle de retrouver Marie. L’histoire apparaît en dehors du temps grâce à la mer et à son paysage côtier qui révèle une dimension d’intemporalité, voire d’éternité.

Un conte romantique.
Il s’agit d’un conte qui puise son imaginaire dans le romantisme du 19e siècle avec ses codes liés au fantastique. Le parcours intérieur de Paul est en effet puissamment animé par la présence bien réelle des fantômes de son adolescence. Il vit avec eux dans un assemblage mental qui l’emmène dans une confusion avec le présent.