Fario Personnages

Antoine

approche de la soixantaine, il a donc connu enfant et jeune adulte les années 70 avec tout ce que cette époque véhiculait du point de vue des idées et de l’ambiance particulière de ces années un peu folles. Tourmenté par une dualité omniprésente, il doit faire face à des contradictions constantes, entre son rôle de père, éducateur et exemplaire, et son besoin de construire une œuvre si minime soit-elle à l’instar de son père. Divorcé de la mère de Gaspard depuis longtemps, il a reproduit en partie ce qu’il a subi enfant. La question de la paternité le hante.

Gaspard

est encore mineur, il n’a que 17 ans. Mais si son parcours l’a propulsé dans des préoccupations graves et violentes il n’en reste pas moins un enfant vulnérable. Son manque de connaissances basiques témoigne d’une certaine immaturité. Il se cherche bien sûr, à son âge c’est normal, mais sa vision de la morale apparaît très fragile.

Marco

l’ami de longue date, est le livre ouvert de la jeunesse d’Antoine, les années soixante-dix, années de liberté et d’espoir. Celui-ci passe son temps dans son atelier à fabriquer des objets sur mesure pour des magiciens. Il vit en marge de la société fidèle au même village qu’il a toujours habité. Il est le pendant d’Antoine, le ramenant à cette époque révolue où tout était encore possible.

Théo

17 ans, est la partie sombre de Gaspard. Ce n’est pas un ami mais quelqu’un qui est entré brutalement dans sa vie. Théo est sans doute lui-même malmené dans une existence avec peu d’espoir et il a trouvé une certaine reconnaissance dans la bande à laquelle il appartient. Gaspard a fait le choix de l’aider.

Koaku

représente à travers une séquence métaphorique, une conscience de la rivière, il appartient à celle-ci et à son monde magique. Ce personnage, presque irréel, amène à montrer que la préoccupation apparente d’Antoine est bien celle de faire un film animalier mais, on comprend qu’il souhaite tirer celui-ci vers plus de spiritualité dans son obsession de construire une œuvre philosophique à l’instar de son père.

Le pisciculteur

permet un certain ancrage dans le réel car les truites ici sont bien vivantes. À travers l’apparence très didactique de son discours, ce personnage amène à montrer l’opposition entre la fario sauvage, magique mais quasi invisible, et celle d’élevage, produit de consommation que l’on peut montrer facilement. L’attitude d’Antoine, souvent ambivalente, oscille entre réalité et imaginaire.

La professeure d’université

seule présence féminine, permet dans une séquence unique (l’amphithéâtre universitaire) de révéler les rapports complexes d’Antoine avec son père.

Le père d’Antoine

professeur d’université et écrivain d’ouvrages de philosophie controversés, est mort récemment mais, tel un fantôme, il traverse le récit. C’est un personnage très présent mais non incarné. Sa présence se manifeste par des signes et ponctuellement par sa voix sur le vieux poste de radio coincé entre les livres du bureau-bibliothèque. Dans la perception d’Antoine, on ne sait d’ailleurs si cette présence sonore est bien réelle.

La rivière

plus qu’un décor, elle est un véritable personnage symbolisé également par l’âme de ce poisson sauvage tant recherché, la fario. Dans cet univers purement masculin, elle représente l’élément féminin qui permet la renaissance de Gaspard et la rédemption d’Antoine.